Seniors et Seniorette à Bangkok
Débarquer à Bangkok après avoir traîné nos guêtres pendant plus de huit semaines en Nouvelle Zélande, était-ce vraiment une bonne idée, une pause indispensable avant le retour en France ? Quelques jours de répit pour absorber le décalage horaire, passer de 12 heures à 6 heures…
Bangkok est une plate-forme aérienne. Beaucoup de voyageurs n’en connaissent que les longs couloirs de l’aéroport. Les plus aventuriers se lanceront à la découverte – succincte – de la ville en une journée ou deux avant de s’échapper vers le Nord en direction de Chiang Mai ou vers le Sud et ses plages, Phuket et Koh PhiPhi.
Bangkok, quatrième visite pour moi, première pour Senior. Une semaine. Oui, 7 jours à rester dans cette mégapole, à l’explorer, à tenter de l’appréhender. Nous n’allions pas tenter de la comprendre. Il nous aurait fallu des mois, voire des années.
Dès la sortie de l’aéroport, le choc du bruit, de la foule, d’une urgence dans l’air, de cette agitation commune à tous les aéroports internationaux. Bangkok est un tourbillon : bruits, odeurs, foules, klaxons des taximen, exclamations des conducteurs de tuk-tuk et propositions des vendeurs ambulants…
Bangkok et la famille royale : leurs portraits sont omniprésents, partout, dans la sphère publique comme privée. Le risque de blasphème et des peines qui s’y rattachent y sont également dans la tête de tous les thaïs, opposants ou non.
La pollution ici ? On la touche du doigt. Ou comment trouver Paris peu polluée. Marcher se transforme en un effort contre lequel votre corps se rebelle. La respiration devient pénible. Extraire un minimum d’oxygène de ce magma de fumées d’échappement et d’industries requiert un labeur constant de nos poumons.
Ici, le luxe se mesure à l’étage auquel vous vivez. Pauvre ? Vous vivez au ras du sol ou au premier, comme ces SDF qui dorment sur les ponts au-dessus des routes. Riche ? A vous les étages élevés, 10ème ou plus, où respirer redevient facile et naturel. Ou comment trouver Paris peu polluée.
Le mot de Senior :
« On s’y baigne » au risque de s’y noyer. Les SDF l’ont compris à Bangkok : ils ne dorment pas sous les ponts mais sur les passerelles les plus élevées possible. Au risque de paraître négatif : une des caractéristiques de la vraie pollution est qu’il est facile de se tromper entre le toucher du doigt et le bain éventuellement mortel.
Bangkok concentre un nombre incroyable d’hôtels 4* et 5*. Le quartier dans lequel vous vous trouvez vous parait quasi-insalubre vue du sol ? Il peut tout de même abriter de magnifiques hôtels au confort incroyable avec une réception au 9ème étage. Faveur des promotions internet, nous avons logé dans l’un d’entre eux pendant notre semaine thaïlandaise, petit déjeuner compris. Ces petits déjeuners se résument par variété et profusion. Vous avez envie de manger chinois, russe, anglais ou thaï ou encore slovaque ? Tout est possible.
Et si vous ne trouvez pas votre bonheur dans l’assiette, j’ignore où vous le pourrez. Car il y a aussi les touristes chinois. Et vous allez serrer les dents.
Racisme, dites-vous ? Si vous avez envie de le penser. Moi, je reste persuadée que des abrutis malpolis se trouvent partout sur Terre. Mais les Chinois aisés côtoyés pendant ces 7 jours tous les matins… Avons-nous joué de malchance ? Mauvaise semaine astrale peut être ? Ils se servent comme s’ils n’avaient pas mangé depuis un mois et abandonnent leurs monticules d’assiettes à peine entamées ; ils houspillent les serveurs ; ils parlent fort et s’interpellent d’une table à l’autre, d’un bout à l’autre du restaurant ; ils bousculent sans jamais un mot d’excuse…
Malgré mes connaissances interculturelles, difficile de rester de marbre et de ne pas les juger.
Le mot de Senior :
Ils ont l’avantage au moins de nous décomplexer de la mauvaise réputation qu’ont les européens en voyage et dont la palme revient aux Allemands et aux Français. Et que dire des serveurs thaïs et de leur aptitude à gérer ces « animaux pensants » avec sourire et mépris si ce n’est dédain que les chinois paraissent incapables de voir.
Qui dit Bangkok dit temples et Palais. La redécouverte du Palais Royal, qui garde malgré la foule sa puissance de transport hors le temps, de rêve comme impassible et inatteignable, ses décorations, ses temples et ses pagodes… et ces Chinois qui ne respectent rien en dehors du Dieu Selfie et escaladent tout et n’importe quoi. Le palais est grandiose. Tant à voir, tant à admirer, tant à se questionner aussi sur la richesse étalée ici.
Quant aux temples, petits et grands, découverts parfois au hasard de nos déambulations, que de merveilles. Des Bouddhas assis, debout, couchés, de toutes les tailles, couverts le plus souvent d’une fine couche d’or fin déposés feuille par feuille par les fidèles, au son du cliquetis incessant des dons en petite monnaie. Tant à dire et si peu de place. Dans le temple d’or, une vue qui domine la ville. Rien d’extraordinaire à part çà, les mêmes touristes chinois…
Le mot de Senior
Merveille pour moi que les rares œuvres d’art kmer, les Thaïs n’ont pas tout bon. Dire que l’art sculptural thaï est merveilleux et s’arrêter là, c’est tromperie pour le lecteur ou pure convention qui n’ont pas lieu d’être du fait de l’honnêteté de ce blog. Peut-être peut-on dire qu’ils étonnent le regard occidental que ce soit par leurs couleurs choisies pour l’urbanisme, leur insertion dans les quartiers et dans la vie de la population, leur ouverture et leur douceur d’accueil, et peut-être qu’ils traduisent d’une certaine façon le sourire, la pérennité et la souplesse de l’âme thaï…
Bangkok sans le musée Jim Tompson n’aurait pas eu la même saveur pour Senior. Il a adoré ce lieu, les objets anciens qui le parsèment (les seuls répondant réellement à la notion véritable d’art à Bangkok, hors le naturel thaï), les jardins, l’ambiance particulière. Il a regretté l’obligation de visite guidée au pas de course selon lui. Nous y sommes retournés et il a pu effectuer une seconde visite pendant que je l’attendais sagement, un livre à la main pour changer.
Souvent dans Bangkok, nous avons été interpellés par des occidentaux majoritairement français, persuadés au vu de notre démarche tranquille sans plan à la main de notre appartenance à cette ville. Lors d’une discussion dans un temple, nous en avons même conseillés certains (fort agréables) sur la Nouvelle Zélande. Ils sont charmants, ces Français.
Bangkok sans un paragraphe sur la nourriture, est-ce envisageable ? J’ai en mémoire plusieurs fabuleux riz à la mangue, achetés dans de simples stands de rue. Et ce restaurant, perdu dans une très discrète ruelle, où j’ai dégusté un curry vert à tomber. Là-bas, les serveurs vous installent un ventilateur devant vous et vous proposent une bombe anti-moustiques. Les deux furent appréciés à leur juste valeur.
Bangkok et les arnaqueurs : pire qu’ailleurs ? Non, les tuk-tuks et les taxis gonflent leurs prix et les vendeurs bluffent après avoir estimé d’un regard votre pouvoir d’achat. Certains thaïs estiment le marchandage indispensable, d’autres ne le supportent plus et s’y opposent.
Refusez, bien sûr, la plus connue des arnaques : vous hésitez, votre plan à la main, sur une direction à prendre ? Surgit une personne habillée à l’occidentale avec un bon niveau d’anglais qui cherche à vous convaincre de vous rendre sur le lieu souhaité en tuk-tuk et sans attendre votre réponse, va héler un comparse. Le prix demandé pour le trajet est ridiculement bas. Trop beau pour être vrai ? C’est une vraie arnaque. Vous serez dirigé soit vers une boutique, soit un petit temple dont vous ne pourrez sortir sans avoir lâché pas mal de billets. Les autres arnaques ? Vous perdrez en billets ce que vous acquerrez en sagesse. L’expérience a un prix, ici en baths.
Certains centres commerciaux rivalisent avec leurs homologues étrangers dans le luxe et la démesure. Non, nous n’avons pas vu de montagne russe comme à Kuala Lumpur. D’autres évoquent les marchés de rues couverts.
Vous recherchez l’authenticité ? Dirigez-vous vers le marché de Chatuchak week end Market (au nord de Bangkok) qui a lieu tous les samedis. Il sera votre favori si vous voulez acheter quelque chose et que vous ne craignez ni la foule ni le bruit, ni le marchandage, ni les bousculades, ni la musique omniprésente, ni les pickpockets… C’est un labyrinthe, un monstre tentaculaire qui s’étend sur kilomètres carrés. Vous voyez un objet qui vous tente et son prix vous convient ? N’attendez pas, achetez-le maintenant au risque de ne jamais retrouver ce stand de 2 mètres sur 2.
Bangkok, c’est aussi plusieurs grands parcs en pleine ville. Nous avons exploré le Lumpini Park. Nous avons déambulé dans ses allées et sursauté à la vue des premiers varans, prévenu par des autochtones et nous avons discuté avec des thaï. Ils nous ont expliqué que certains les chassent bien que ce soit interdit dans l’enceinte du parc pour les manger. Non parce qu’ils sont pauvres mais la viande des varans est réputée aphrodisiaque. Pauvres varans. Alors, avec un gros caillou et un bon gourdin…
Bangkok sans le sourire des thaïs ? Impossible. Sincère ou pas, quelle importance. Pourquoi faire la gueule quand sourire est possible et embellira votre quotidien et celui de ceux qui vous croiseront ? Certains sont venus me parler parce que je leur souriais, parce que je les voyais en tant que personne et non en tant qu’attraction touristique. Plaisir partagé.
Bangkok sans ses massages ? Difficile. Rien de sexuel. Je définis quiconque d’y penser pendant une vraie bonne séance d’un énergique massage thaï. C’est un soin. Nous sommes étirés, triturés, malaxés, pétris à la limite du supportable parfois. Senior n’en est pas fan mais j’adore. Quand à d’autres soins comme ceux pour les pieds : l’évidente estime occidentale sur le respect quotidien de soi peut se voir remise à sa place, car l’évidence est du côté thaï : nous ne savons pas porter à leur regard amusé une élémentaire attention. Le soin le démontre.
Conclure sur Bangkok
Pourquoi conclure ?
Cette ville est en perpétuel mouvement. Comment prédire ce qu’elle deviendra ? Plus grande et plus polluée ou au contraire, un rêve d’écologiste ? Bien que la première proposition paraisse la plus probable, espérons toujours le mieux.
Ce que j’ai pensé de ce séjour ? A ma grande surprise, j’ai apprécié cette ville et le bruit et les odeurs et l’animation. Non, pas la pollution, pas la difficulté à respirer.
Mais quand j’y repense, je revois le doux sourire d’une jeune thaï mariée à un européen avec qui j’ai papoté, les fleurs partout… et la recette du riz gluant à la mangue que je déguste encore à la minute (oui, sans mangue. Je m’adapte au pays dans lequel je me trouve, moi).
J’ai aimé Bangkok, bien plus que je ne l’imaginais. Et vous ? Qu’en avez-vous pensé ? L’avez-vous aimé ou détesté ? Avez-vous envie de la découvrir ou pensez-vous l’éviter ? Pourquoi ?
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4 commentaires
Ahhhh les chinois en voyage, tout un poème, nous étions en Nouvelle Zélande au moment du nouvel an chinois et avons du nous aussi les supporter, une horreur !
Sinon pour en revenir à Bangkok c’est une ville que j’ai beaucoup aimée il y a déjà 10 ans, j’espère y retourner…
Passer de la Nouvelle Zélande à Bangkok est déjà un poeme en soi. je déteste la généralisation. Sans doute ne sommes-nous pas tombées, vous et moi sur les meilleurs chinois voyageurs…
On adore Bangkok ( huitième séjour déja!), particulièrement China Town mais aussi Thewet, plus calme, avec plein de plantes et de fleurs..C’est notre escale préférée pour aller au Laos ou en Birmanie, ou même en Nouvelle Zelande. On aime se déplacer sur le Chao Phraya, naviguer sur les canaux, marcher, manger dans les petits stands de rue. C’est vrai que les temples sont un peu ( beaucoup) kitch pour notre goût d’occidentaux, mais les fresques murales du Wat Phra Kaeo qui racontent la vie de Rama et bien ces fresques sont à tomber par terre et il y en a plus de 150!
Chatoutchak, on adore aussi , même s’il y a de plus en plus de made in China.Prévoir la journée, en sachant que , de toutes façons, on n’aura pas le temps de tout voir.
Comme on voyage l’hiver, on évite soigneusement la semaine du nouvel an chinois, trop d’arrivées en masse , que ce soit en Thailande ,au Cambodge ou en Malaisie
On évite les hôtels chinois destinés à la clientèle chinoise,très sonores, trop de différences culturelles dans le respect de la personne, mais , si ça ne leur pose aucun problème de vous réveiller en beuglant quand ils rentrent imbibés à 2 heures du matin, on peut , à notre tour , les réveiller en partant, à 6 heures du matin, ça ne leur pose aucun problème non plus.
Comme Senior, on aime beaucoup la maison de Jim Thomson, on devrait dire les maisons, et surtout le jardin autour, calme et luxuriant.
En résumé, il ne faut pas s’arréter à la vision de Bangkok qu’on a en débarquant de l’ aéroport, tout ce trafic, cette pollution, Bangkok a beaucoup à donner.
votre vision complète admirablement notre article. merci et peut être vous contacterais-je lors de notre prochaine -longue- escale à Bangkok.