A l’initiative de la ville de Rodez à l’occasion des 100 ans de Soulages, plusieurs blogueurs voyage ont été invités à découvrir les joyaux de cette ville.
Ne pouvant m’y rendre, j’y ai dépêché Senior pour qu’il puisse m’en établir un compte-rendu parfait. Les visites et les rencontres se sont enchainées et à l’écouter, je regrette vraiment de n’avoir pu m’y rendre.
Que faire, que voir à Rodez

Les chambres de lumières, artiste Bastien Carré

Depuis 10 ans, il cherche à “ faire voler les leds “ selon son expression. Son moyen d’expression est la soudure de leds sur un fil conducteur dont le développement dans l’espace sert le dessin de formes, volumes… potentiellement mobiles. Ce qui l’anime c’est l’apesanteur et parfois c’est même plus le travail sur les difficultés de montage et d’élégance qui le guident. Il lie plus sa créativité dans sa confrontation aux contraintes techniques qu’à son imaginaire et il préfère l’esthétique de l’apesanteur et la mobilité simple à toute intervention électronique. Son inspiration initiale vient souvent de la nature, d’animaux (aile de libellule…). La légèreté des œuvres fait qu’un doux déplacement d’air suffit à induire l’animation des mobiles. Il souhaite garder les leds à lumière blanche et fait remarquer que les formes de ses sculptures indissociables de leur armature-squelette sont supplantées par celles données par les ensembles des points lumineux. Il poursuit actuellement comme une quasi-chimère la construction de l’effet d’un nuage.
Plus que la recherche d’expositions pour se faire connaître ou la visite au hasard de passants à saint Cyprien, il souhaite faire partie d’un parcours ou on viendrait le voir (proximité de Rodez et du musée de Soulages auquel il s’accorde par le thème de la lumière). Son partenariat avec une société de luxe (Chanel) qu’il a fourni lui a permis d’acheter le couvent désaffecté de Saint-Cyprien-sur-Dourdou. L’architecture très singulière de ce lieu est le berceau idéal de son grand projet qui est de le remplir de ses œuvres en les créant fonction des pièces qu’elles habilleront, chacune d’elles ayant un thème propre. Le couvent sera alors le lieu de son exposition.
Le prix de ses œuvres pour les petites sont de l’ordre de 800 € et pour les moyennes de 1000 à 3000 €. Elles sont aérées, étonnantes, lumineuses, variées voire en écho avec des objets chinés.
Les vignes de Marcillac
Patrick Rôls est le dernier viticulteur à Conques (animation/dégustation de vin de Marcillac et de Conques).
Historique du vignoble des vins de Marcillac.
Les surfaces cultivées en vignes se réduisant drastiquement, le nombre de producteurs également. Ceux qui persévèrent privilégient la qualité sur la quantité. Ils retrouvent les pratiques anciennes de soin de la vigne tels l’effeuillage, l’égrappage. Ce sens paraît d’autant plus affirmé qu’il semble exister une nette poussée du retour des cépages anciens. On a vidé, ont-ils dit, les dernières bouteilles d’un premier tirage d’un cépage ainsi ressuscité (ce tirage forcément limité et réservé aux locaux s’est trouvé rapidement épuisé.)
Petite précision historique
Un mythe, encore très vivace actuellement, pérennise une erreur colportée depuis plus de 2000 ans. Car c’est le vin qui ressuscite et non le Christ.
Démonstration : certains locaux ont apporté des lianes trouvées poussant dans leur jardin à Alain Falguière, spécialiste des cépages anciens. Après une analyse ADN et une étude comparative avec les cépages actuels correspondants, après recoupement avec des écrits anciens, il en a déduit la validité du développement par bouturage de certains de ces cépages anciens. En effet, depuis le phylloxéra, le simple plantage en pleine terre de sarments ou le marcottage ne prennent plus. Plusieurs résurrections se sont ainsi produites telle entre autres celle d’un vin rouge l’Albinie au goût presque épicé (deux ans en barrique) ou aussi d’un très bon blanc le Roussellou.
Conque et l’abbaye Sainte -Foy

Pour ce qui est de la visite du village de Conques, je vous renvoie à cet article où vous y découvrirez les couloirs aménagés entre les maisons pour faciliter les écoulement d’eau ainsi que servir les embuscades lors des combats de rues, les voies irrégulières propres à ralentir les cavaliers lors des attaques, le rôle de la châtaigne en terre acide amenée par les romains), les réfections des maisons à la chaux, les rencontres musicales, les boutiques artisanales, la meilleure humeur des commerçants hors période d’affluence.
Je vous conseille une visite guidée qui ouvre accès à bien des détails de valeur insoupçonnée, et très souvent amusants.
L’Abbatiale
Le passage en galerie permet de voir de plus près les détails des sculptures en hauteur, d’avoir un point de vue élevé et de voir de plus près les vitraux réalisés par Soulages en remplacement des vitraux d’origine. Ceux-ci ne font pas l’unanimité parmi les locaux et les touristes. Certains préféraient les anciens vitraux. D’autres, dans le style moderne, évoquent ceux de l’abbaye de Sylvanès.

Musée Puech
Petit bâtiment d’allure ancienne qui a été construit d’emblée pour servir de musée .
Le niveau bas est pris par les sculptures de Puech : deux simples et courtes ailes, beau et bref.

Le haut était entièrement en travaux pour la pose d’une verrière (temporaire si la commune n’en fait pas l’acquisition !) dans un style de verre type Soulages (mais faite exclusivement avec des matériaux de la région) à dominante vert foncé et pulsée par deux jeunes artistes -scientifiques. La démonstration sera intéressante à voir pendant le temps d’exposition de la verrière (juin-septembre).
Musée Soulages
Exposition permanente Pierre Soulages et exposition temporaire “Miguel Chevalier – Pixels Noir Lumière”

Pierre Soulages a été à plusieurs reprises sollicité pour qu’il lui soit dédié un musée à Rodez. Il a refusé, ne comprenant pas l’idée d’un musée consacré à ses œuvres de son vivant. Il acceptera à condition qu’un quart de la surface d’exposition soit réservé pour de jeunes artistes contemporains.

L’orientation est à l’identique de l’atelier de Soulages. La face est comme un grillage qui pixellise la vue de l’intérieur et obstrue celle de l’extérieur. Le bâtiment paraît sombre à l’intérieur et être entièrement métallique “armaturé” de grosses poutrelles. L’accrochage (et le décrochage) des œuvres se fait par un astucieux moyen magnétique. Par bonheur, l’éclairage artificiel assure l’élémentaire clarté sur les œuvres à l’obscurité géniale. C’est Pierre Soulages qui a voulu l’aspect extérieur rouillé en alliance avec certains édifices de la ville et la capacité à son regard de ce traitement de surface de varier de teinte avec la lumière.

90 % de la population ruthénoise de la ville étaient opposés à ce projet et pensaient qu’on se moquaient du peuple avec ces barbouilles en noir et blanc. Maintenant, la majorité est ravie du musée (architecture et aménagement de la place). L’effet Soulages en quelques années a redynamisé la ville (cafés, restaurants, galeries d’arts…, chômage à moins de 6% ). L’enclavement de la ville et de sa région est maintenant motif de cette croissance.
D’après Soulages : “c’est ce que je fais qui me dit ce que je cherche” . Plus simplement ce serait l’errance du chemin sur laquelle reposerait la notion de l’art.
Musée Fenaille
Le coup de coeur de Senior

Musée remarquable. Il doit sa renommée internationale à son exceptionnelle collection de statues-menhirs, Sculptées il y a près de 5 000 ans, ces sculptures énigmatiques sont les plus anciennes statues monumentales d’Europe.
Sur plus de 2 000 m2 le visiteur voyage à travers les âges et les siècles, depuis les mystérieuses statues-menhirs à la fin de la Préhistoire jusqu’aux portraits émouvant de Madame Fenaille réalisés par Auguste Rodin.
Le musée est agréable et l’exposition des pièces remarquable. Ce musée a la particularité d’englober une construction ancienne elle-même ayant servie de lieux d’exposition et d’art construit sous les ordres d’un très riche mécène.
Nos adresses
Hébergement
Château Labro, maison d’hôtes de charme, à Onet-le-Château

Ici, trouver à redire confine à la mauvaise foi. Car si votre désir vous a conduit ici, il se trouve qu’en ces lieux l’harmonie s’offre à vous et être déçu reviendrait à vous être trompé dans votre choix !

L’air de ce territoire imprègne tout et règne sans partage pour vous donner la clef de la symphonie qu’il vous plaira de jouer. La partition proposée de l’ancien s’y goûte avec le raffinement d’une sobriété naturelle et le charme d’une désuétude discrète de campagne. Le calme autant que la fête s’y jouent. Les repas vous charmeront ponctuant avec bonheur votre savoureux séjour où le chef veille à ce qu’aucun plat ne désavoue les autres.

Cette échappée belle n’est qu’à quelques kilomètres de Rodez et a le bon goût de ne pas être hors de prix. Il faut cependant la mériter car elle est courue, il est prudent de s’enquérir de sa disponibilité et de sa vie à l’instant choisi. Donc, pensez à réserver !

Manger
Café Bras
Dans le même ensemble architectural que le musée Soulages. Accueil et service aimable, ouvert, souriant, jeune et avec impression de grande disponibilité à toutes heures, presque familier au sens positif du terme. Possibilité de manger à toutes heures (sauf la nuit bien sûr). Possibilité non feinte d’adapter les plats selon allergies, intolérances et autres (même si l’équipe réagit sur le champ il est préférable de prévenir).
On y croise nombre de locaux hors période d’affluence. Le chef aime cuisiner les légumes, suit ses fournisseurs locaux avec influence et respect réciproque. Plats quantité mesurée, bons, goût fleuri et multiple.
Prix repas complet hors boissons Café Bras dans les 37 €.
Conclusion de Senior
Alors que le monde se confronte aux limites de l’internationalisation, l’Aveyron, en accord avec sa configuration territoriale enclavée profite de ce relatif isolément pour s’épanouir en harmonie avec ses propres ressources, sa cohérence et les qualités longtemps éprouvées des différents modes de vies de ses habitants.
Rodez centre de ce département émerge comme moteur à l’image du développement de l’art dont le musée Soulages est le fleuron.
Je remercie encore l’office de tourisme de Rodez pour l’organisation et la réalisation de ce blogtrip.

Alors, qu’attendez-vous pour vous rendre à Rodez ?